mercredi, janvier 17, 2007

La sociologie des équipes IR ou la libre société

Bon, j'ai cinq articles sur le forensique en préparation, et toujours rien de suffisamment abouti pour être présentable en l'état (perfectionniste, me direz-vous ?). Il faut savoir que c'est très long de faire des copies d'écran d'expériences réalisées à la vas-vite...

Faisons donc un peu de social, cela peut se faire sans aucune préparation :

Les méthodologies pratiquées par les équipes IR reposent toutes sur des hypothèses visant à expliquer les informations et les données recueillies. Or, il est souvent possible d'émettre plusieurs hypothèses à partir d'un recueil donné. La première question est la suivante :

Faut-il toujours choisir le scénario le plus simple ?

Un ancien précepte philosophique, connu sous le nom de rasoir d'Ockham, du nom d'un philosophe anglais du Moyen Âge stipule que : Parmi toutes les hypothèses, choisissez la plus restreinte. S'il est possible de ne retenir qu'un élément pour expliquer tel ou tel évènement, écartez le second.

Mais, la pratique de l'IR montre que, fréquemment, le scénario le plus évident n'est pas toujours le plus proche de la réalité. Un bon binôme IR doit donc savoir abandonner ce qu'il avait présumé au préalable et être capable de prendre du recul par rapport au scénario qu'il privilégie. Toute l'expérience du responsable de l'équipe IR (appelé par la suite coordinateur IR) réside dans la décision de se détacher d'un scénario qui ne colle pas aux données recueillies.

Quelle doit donc être l'état d'esprit de l'équipe IR lorsqu'un de ses binômes présente un scénario ?

Après plusieurs tâtonnements, j'en suis venu à considérer que la meilleure attitude consistait à écouter la ou les hypothèses, puis à chercher à les démolir à l'aide de toute les objections possibles et imaginables. Le coordinateur IR et le reste de l'équipe IR se doivent donc de critiquer le scénario construit par le binôme IR. Ceci va à l'encontre de toute règle sociale et peut mettre en danger la cohésion d'une équipe IR non entrainée à cette pratique !

Le processus de réfutation doit pour cela être facilité par le binôme IR qui doit faire en sorte de présenter son scénario de manière à permettre justement son démenti. Ceci demande beaucoup d'entrainement et ressemble, pour une oreille non avertie, à de la langue de bois !

Mais cela ne suffit pas. Mon opinion est la suivante :

La formulation d'une critique n'est possible que dans une équipe IR ouverte, dans laquelle l'information circule librement.

L'un des meilleurs moyens que je connaisse consiste à faire tourner le rôle de coordinateur IR, facilitant à la longue une libre expression, là où une hiérarchie trop stricte ne ferait que la museler.

On est là à des années lumières de l'image convenue de la cellule de crise : le sombre capitaine, seul maitre à bord au milieu de la tempête, qui dicte ses ordres à une équipe disciplinée, au fil de son intuition... Les plus gros désastres, que j'ai d'ailleurs pu observer au cours de ma carrière, provenaient souvent de ce genre de configuration, si prisée dans les films d'actions. Mais, je m'égare encore...

Personne n'aime faire l'objet de critique, surtout après une vingtaine d'heures de travail acharné. Enfin, notre éducation fait que l'on hésite toujours à critiquer la travail d'un proche. Le rôle du coordinateur IR est donc d'encourager ce genre d'aptitude. Le plus dur à vaincre reste la peur du ridicule devant ses pairs, si une réfutation parait complètement farfelue.

Finalement, les meilleures équipes IR que j'ai pu rencontrer ressemblaient d'avantage à un cercle de joueurs de poker, plutôt qu'à une section d'infanterie de la Grande Armée ! Quant à l'image que peut avoir une telle équipe au sein d'une organisation, ceci est une autre histoire. :-)

1 commentaire:

  1. Certes ton ex_adj est pour une fois en accord avec tes affirmations. Il ajouterait juste un petit point. Pourquoi ne pas poser l'hypothèse que
    l'efficience a autant d'importance que le résultat. Donc que l'on doit former les personnels a accepter toutes critiques. Il sera nécessaire de construire ces équipes sur des liens humains suffisamment fort. A+

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